Histoire de la mère(s) du douzième Imam Successeur(as)
Histoire de la mère(s) du douzième Imam Successeur(as)
Voici donc qu’un certain jour, l'Imam Ali Naqi (as) l'envoya chercher par son serviteur Kafur. Lorsqu'il eut pris place devant l'Imam, celui-ci s'adressa à lui en termes solennels: "O Bashar! Tu es notre ami. Toi et les tiens avez toujours professé le même dévouement aux membres de la famille du Prophète. Je veux te faire l'honneur d'un privilège tel qu’il te conférera un rang d'amitié sans précédent parmi nos chiites « partisans ». Je vais te confier un secret et t'envoyer en mission pour ramener ici une certaine jeune fille. Là-dessus, l'Imam rédige de sa propre main une lettre en grec, y oppose son sceau, la place dans une bourse de cuir rouge avec la somme de deux cent vingt dinars, et donne à Bashar les instructions suivantes.
Il doit se rendre à Baghdad. Il sera à telle heure sur la rive du fleuve, au port ou accostent les navires transportant les captives. Il n'y aura la, sur le quai, comme acquéreurs éventuels, que des agents du khalife abbasside. Bashar devra passer toute la journée à observer de loin les événements sur un navire appartenant à un certain Amr ibn Yazid. A un moment donné, il remarquera que celui-ci montre aux acquéreurs une jeune fille ayant telle et telle caractéristique. Elle portera un double vêtement de soie pour éviter le regard et le contact de la main des hommes. « Tu l'entendras s'exclamer à voix haute, en langue grecque, de dessous son voile fragile. Sache que ce qu'elle dira c'est ceci:
"Maudit soit l'homme qui dévoilera mes sourcils!" Alors l'un des hommes, ému par la chasteté de cette jeune fille, dira son grand désir de l'acquérir. Mais elle lui dira: "Même si tu possédais toute la gloire et la richesse de Salomon, fils de David, je n'éprouverais jamais d'amour pour toi. Prends donc garde de gaspiller ta fortune". » Le patron du navire, ne voulant pas lui faire violence, avouera son extrême embarras; il faut tout de même en finir. " pourquoi cette hâte? lui dira-t-elle. Il faut que je choisisse moi-même celui qui m'acquerra, afin que mon coeur trouve la paix dans la confiance et la fidélité que j'aurai envers lui."
A ce moment-là, O Bashar, avance-toi près de Amr ibn Yazid et dis lui: je suis porteur d'une lettre en langue et écriture grecques, rédigée par un homme noble; elle montre sa générosité, sa loyauté et sa libéralité. Donne cette lettre à cette jeune fille; qu'elle la médite et qu'elle comprenne le caractère de celui qui l'a écrite. Si elle ressent de l'inclination pour lui et en est satisfaite, je suis son représentant qualifié pour traiter en son nom. Tout se passe comme l'avait annoncé l'Imam en s'exprimant au futur, et Bashar se conforma à toutes les instructions reçues. Quand la jeune fille eut lu la lettre écrite par l'Imam, elle poussa involontairement une grande exclamation et déclara au propriétaire du navire que s'il refusait de la céder à l'auteur de cette lettre, elle était prête à se donner la mort. Mais le dénouement est conforme à son désir, et Bashar n'a plus qu’à conduire la jeune fille à sa résidence à Baghdad, avant de repartir avec elle pour Samarra. Il remarque qu'elle est toute souriante et heureuse, et que fréquemment elle retire la lettre de son sein pour la porter à ses lèvres, à ses yeux, à ses sourcils. Il ne peut s'empêcher de lui dire:je m'étonne de ton comportement; tu portes à tes lèvres une lettre dont tu ne connais pas l'auteur! Mais a elle de lui dire: "O homme faible et peu de foi! Puisse la connaissance du rang spirituel des Enfants du Prophète dissiper les doutes de ton coeur."
Maintenant nous allons entendre le récit merveilleux. Nous remarquerons, dès le début, que la généalogie de la jeune fille correspond bien à ce qu'exige initialement la récurrence continue du plérome des douze. La jeune fille poursuit en effet: "sache qu'en vérité je suis une princesse. Je suis la fille de Yeshu'a, fils de l'empereur de Byzance. Ma mère est une descendante des apôtres du Christ; sa lignée remonte à Sham'un (simon-pierre), le wasi (héritier spirituel, Imam) du seigneur Christ. « Je vais te raconter mon extraordinaire histoire. Mon grand-père, l'empereur, voulait me faire épouser son neveu. J’avais treize ans.
Il réunit dans son palais une importante assemblée. Des clercs et des moines, trois cents personnes ; des membres de la haute noblesse, sept cents personnes, des officiers et des chefs de l’armée ainsi que de la noblesse rurale, quatre mille personnes (donc cinq mille personnes en tout). Dans l’enceinte du palais, il fit ériger, au sommet de quarante degrés, un trône incrusté de joyaux et de toutes espèces de pierres précieuses. Il fit asseoir son neveu sur ce trône, et tout autour on disposa un grand rassemblement d’icônes (idoles). Les prêtres chrétiens se tenaient devant ce trône avec un suprême respect. On ouvrit les évangiles ; mais soudain, voici que les idoles s’effondrèrent et que les colonnes du trône volèrent en éclats. Mon cousin fut précipité à terre avec le trône et s’évanouit. Alors les grands et les notables furent saisis de crainte, leur visage était altéré par l’effroi. Le principal d’entre eux déclara : O roi !
E'pargne-nous de faire face à ces présages funestes, car un pareil événement porte en soi l’indice du déclin et de la disparition de la religion chrétienne. Mon grand-père, profondément troublé par l’événement, donna ses ordres : remettez debout les colonnes du trône. Rassemblez les icônes à son sommet. Ramenez près de moi mon infortuné neveu pour que je célèbre son mariage avec cette jeune fille et que ces funestes présages se détournes loin de nous. Mais au moment ou pour la seconde fois prenait place en assemblée celui qui en était l’ornement, la même catastrophe se reproduisit. Cette fois, les gens épouvantés se dispersèrent de tous cotés. Mon grand-père l’empereur, soucieux et triste, renonça et se retira dans ses appartements privés. »
« La nuit qui suivit ces événement, déclare la jeune fille à Bashar, voici que dans le monde des visions je vis le seigneur Christ avec le groupe de ses apôtres, à l’intérieur du palais de l’empereur, à la place même où, la veille, avait été érigé le trône ; à cette même place, ils érigèrent une chaire (minbar) toute de lumière.
A ce moment-là, voici que Mohammad, son wasi et le groupe de ses enfants glorieux (c’est-à-dire les saints Imams) firent leur entreée dans le palais. Alors le Christ s’étant avancé à sa rencontre, embrassa le Prophète Mohammed. Celui-ci de dire : « O Esprit de Dieu ! Je suis venu pour te demander la princesse, fille de ton chef Sham’un (Simon-Pierre), pour mon propre fils. Et du geste il montra l’Imam Hassan ‘Askari. Christ ayant regardé longuement Sham’un, lui dit : « Honneur insigne et noblesse sont venus à toi. Noué donc ce lien entre ta propre famille et la famille de Mohammed. Et Sham’un de dire : c’est chose faite. Alors, voici que tous ensemble (Mohammad et ses Imams, le Christ et ses Apôtres) gravirent jusqu’au sommet les degrés de la chaire de lumière ; et là, Mohammed prononça un prône magnifique pour célébrer l’union nuptiale de son fils et de moi-même, notre union dont Mohammad et ses enfants (les saints Imams) et les apôtres du Christ furent tous ensemble témoins. » La jeune byzantine continua ainsi son récit : « Lorsque je m’éveillai de ce songe, je pris peur ; je me gardai d’en faire le récit, de crainte que mon père et mon frère ne me tuent. Je gardai donc mon secret sans en parler à personne tant et si bien que l’amour de l’Imam Hassan ‘Askari ne cessa de croître en mon c½ur, jusqu’à m’empêcher de prendre la moindre nourriture ni breuvage. Je maigris, tombai malade, et endurai grande souffrance. Il ne resta aucun médecin dans les villes de l’empire que mon père n’eut consulté sur les moyens de me guérir.
Un jour que mon père était désespéré, il me dit : « O lumière de mes yeux ! Y a-t-il dans ton c½ur un désir que je puisse satisfaire ? Je lui dis : les portes de la joie sont closes devant moi. Pourtant, si tu libères les prisonniers musulmans il y a espoir que le Christ et sa mère me viennent en aide. Lorsque mon père eut exaucé mon désir, je manifestai quelques renouveaux de santé et recommençai à m’alimenter.
Quatorze nuits plus tard, j’eus un autre songe. Voici que la souveraine de l’humanité féminine, Fatima l’Eclatante, me rendit visite, Maryam, ave c mille jeunes filles d’entre les houris du Paradis, l’accompagnait. Alors Maryam me dit : voici celle qui est la reine des femmes et la mère de ton époux, l’Imam Hassan ‘Askari. Je saisis le bord de sa robe et me mis à sangloter. Je me plaignis que l’Imam Hassan agisse si cruellement en me refusant sa vue. Mais Sa Seigneurie (Fatima) me dit :
Comment mon enfant pourrait-il venir te voir, tant que tu fais de Dieu plusieurs dieux, en persistant dans la religion chrétienne ? Voici ma soeur Maryam. Elle c’est rendue libre pour Dieu, en s’affranchissant de la religion que tu professes encore. Si tu désires être un objet de complaisance à l’égard de Dieu, de Maryam, et du Christ, et si tu désires voir l’Imam Hassan ‘Askari, alors prononce : J’atteste qu’il n’y a point de dieu hormis Dieu, et que Mohammed est l’envoyé de Dieu. Lorsque j’eus prononcé ces deux paroles excellentes, voici que Fatima, la reine des femmes, m’attira contre elle et m’embrassa étroitement. Elle me dit : maintenant attends la visite de mon enfant, je vais l’envoyer près de toi.
« Lorsque je m’éveillai, ma langue articulait encore les deux paroles excellentes, et j’étais dans l’attente de rencontrer mon Imam. Lorsque la nuit fut venue et que de nouveau je fus partie pour le monde des visions, voici que le soleil de la beauté de Sa Seigneurie se leva. Je lui dis : » O mon aimé ! Après que ton amour a fait de mon c½ur son captif, pourquoi m’avoir refusé jusqu ‘ici la vue de ta beauté ? Et lui de me dire : Si je fus si long à venir te rejoindre, c’est parce que tu faisais de Dieu plusieurs dieux. Maintenant que tu es devenue soumise à Dieu l’unique, chaque nuit je serai près de toi, jusqu’au moment ou Dieu nous fera nous rencontrer, toi et moi, à découvert et sans voile, et à notre séparation fera succéder notre réunion. Alors, depuis cette nuit-là jusqu’à maintenant, pas une seule nuit ne passa sans que mon aimé n’apportât en remède à la souffrance de la séparation, le breuvage de l’union. »
Tel est le secret dont Bashar, homme de confiance des saints Imams, devient ici le confident. Il est familier avec les circonstances surnaturelles de la vie ; ce n’est pas celles-ci qu’il met en doute. C’est une question toute matérielle qui le préoccupe : « comment as-tu fait, demande-t-il à la jeune fille, pour tomber parmi les captives ? – Certaine nuit, lui dit-elle, l’Imam Hassan ‘Askari m’avait informé que mon grand-père, l’empereur, allait lancer une armée en campagne contre les musulmans. Il me suggéra de me déguiser pour ne pas être reconnue, de me faire accompagner de quelques-unes de mes servantes et de suivre l’armée à quelque distance.
Ainsi fis-je. Bientôt la chance voulut qu’une avant-garde de musulmans nous rencontra et nous fit captives. Et mon affaire a pris la tournure que tu vois. Personne hormis toi ne sait que je suis la fille de l’empereur de Byzance. Un shaykh a qui j’étais échue en partage lors de ma capture, me demande mon nom. Dépouillant mon vrai nom, je lui répondis : je m’appelle Narcisse (Narkès)
Devant la merveilleuse histoire de celle qui, appelée surnaturellement à devenir la compagne d’un Imam, s’est exposée par amour pur au destin de captive, Bashar ne peut que garder un silence respectueux. Pourtant une dernière question le préoccupe, toute pratique encore ; aussi ose-t-il l’exprimer : « tu es Grecque : comment se fait-il que tu saches si bien la langue arabe ? » Narcisse lui explique : « Mon père était très soucieux de me faire donner une haute culture ; il me confia aux soins d’une femme qui était très experte en diverses langues ; matin et soir elle me donna des leçons d’arabe, si bien que je finis par être très versée dans cette langue. » Ici s’achève ce que nous pourrions appeler le prologue au mystère de la naissance du 12ème imam. Nous allons entrer maintenant dans l’action même du mystère. Lorsque la princesse narcisse (Narkès Khatun) est présentée, à Samara, à l’Imam ‘Ali Naqi, le dialogue suivant s’engage entre eux.
L’Imam : De quelle manière Dieu t’a-t-il fait connaître la faute de la religion islamique et la faute de la religion chrétienne l’éminence du Prophète et des membres de la famille prophétique ?
Narcisse : Comment te décrirai-je à toi, o enfant de l’envoyé de Dieu, quelque chose que tu sais beaucoup mieux que moi-même ?
L’Imam : Je voudrais t’accueillir avec les honneurs et l’hospitalité. Veux-tu me dire ce qui aurait ta préférence ; ou bien que je t’offre en présent une somme de vingt mille dinars, ou bien que je t’annonces une bonne nouvelle s’accompagnant d’une gloire éternelle ?
Narcisse : C’est cette bonne nouvelle que je désire. Je n’ai que faire de la fortune.
L’Imam : Eh bien ! que te soit annoncée la bonne nouvelle : un fils naîtra de toi dont le règne couvrira l’Orient et l’Occident, et qui remplira la terre de paix et de justice comme elle est aujourd’hui remplie de violence et de tyrannie.
Narcisse : De quel époux sera cet enfant ?
L’Imam : De celui pour qui telle nuit de tel mois de telle année, le prophète Mohammad t’a demandée en mariage. Pour t’unir avec qui, le seigneur Christ et son wasi t’ont-ils accordée ?
Narcisse : Pour m’unir avec ton fils l’Imam Hassan ‘Askari.
L’Imam : Le connais-tu donc ?
Narcisse : Depuis la nuit ou entre les mains de la souveraine des femmes (Fatima) j’ai fait profession d’islam, pas une nuit ne s’est passée sans qu’il se montra à moi.- Alors l’Imam appela son serviteur Kafur : va prier ma s½ur, Hakima Khatun (la sage, Sophia, ou Halima, selon une variante, la clémente), de venir. Lorsqu’elle fit son entrée, l’Imam lui dit : voici la jeune fille dont je t’avais parlé. Hakima embrassa tendrement Narcisse. Puis l’Imam lui dit : O fille de l’envoyé de Dieu ! Emmène Narcisse avec toi dans ta demeure. Instruits-la de nos traditions, enseigne-lui tout ce que doit savoir la femme de l’Imam Hassan ‘Askari, la mère du Résurrecteur.
Sources : « Après moi les Imams seront au nombre de douze » de A&H Benabderrahmane. Ce livre contient la biographie de chaque Imam en détail. Travail réalisé par soeur Zaynab (www.al-imane.com).
Voici donc qu’un certain jour, l'Imam Ali Naqi (as) l'envoya chercher par son serviteur Kafur. Lorsqu'il eut pris place devant l'Imam, celui-ci s'adressa à lui en termes solennels: "O Bashar! Tu es notre ami. Toi et les tiens avez toujours professé le même dévouement aux membres de la famille du Prophète. Je veux te faire l'honneur d'un privilège tel qu’il te conférera un rang d'amitié sans précédent parmi nos chiites « partisans ». Je vais te confier un secret et t'envoyer en mission pour ramener ici une certaine jeune fille. Là-dessus, l'Imam rédige de sa propre main une lettre en grec, y oppose son sceau, la place dans une bourse de cuir rouge avec la somme de deux cent vingt dinars, et donne à Bashar les instructions suivantes.
Il doit se rendre à Baghdad. Il sera à telle heure sur la rive du fleuve, au port ou accostent les navires transportant les captives. Il n'y aura la, sur le quai, comme acquéreurs éventuels, que des agents du khalife abbasside. Bashar devra passer toute la journée à observer de loin les événements sur un navire appartenant à un certain Amr ibn Yazid. A un moment donné, il remarquera que celui-ci montre aux acquéreurs une jeune fille ayant telle et telle caractéristique. Elle portera un double vêtement de soie pour éviter le regard et le contact de la main des hommes. « Tu l'entendras s'exclamer à voix haute, en langue grecque, de dessous son voile fragile. Sache que ce qu'elle dira c'est ceci:
"Maudit soit l'homme qui dévoilera mes sourcils!" Alors l'un des hommes, ému par la chasteté de cette jeune fille, dira son grand désir de l'acquérir. Mais elle lui dira: "Même si tu possédais toute la gloire et la richesse de Salomon, fils de David, je n'éprouverais jamais d'amour pour toi. Prends donc garde de gaspiller ta fortune". » Le patron du navire, ne voulant pas lui faire violence, avouera son extrême embarras; il faut tout de même en finir. " pourquoi cette hâte? lui dira-t-elle. Il faut que je choisisse moi-même celui qui m'acquerra, afin que mon coeur trouve la paix dans la confiance et la fidélité que j'aurai envers lui."
A ce moment-là, O Bashar, avance-toi près de Amr ibn Yazid et dis lui: je suis porteur d'une lettre en langue et écriture grecques, rédigée par un homme noble; elle montre sa générosité, sa loyauté et sa libéralité. Donne cette lettre à cette jeune fille; qu'elle la médite et qu'elle comprenne le caractère de celui qui l'a écrite. Si elle ressent de l'inclination pour lui et en est satisfaite, je suis son représentant qualifié pour traiter en son nom. Tout se passe comme l'avait annoncé l'Imam en s'exprimant au futur, et Bashar se conforma à toutes les instructions reçues. Quand la jeune fille eut lu la lettre écrite par l'Imam, elle poussa involontairement une grande exclamation et déclara au propriétaire du navire que s'il refusait de la céder à l'auteur de cette lettre, elle était prête à se donner la mort. Mais le dénouement est conforme à son désir, et Bashar n'a plus qu’à conduire la jeune fille à sa résidence à Baghdad, avant de repartir avec elle pour Samarra. Il remarque qu'elle est toute souriante et heureuse, et que fréquemment elle retire la lettre de son sein pour la porter à ses lèvres, à ses yeux, à ses sourcils. Il ne peut s'empêcher de lui dire:je m'étonne de ton comportement; tu portes à tes lèvres une lettre dont tu ne connais pas l'auteur! Mais a elle de lui dire: "O homme faible et peu de foi! Puisse la connaissance du rang spirituel des Enfants du Prophète dissiper les doutes de ton coeur."
Maintenant nous allons entendre le récit merveilleux. Nous remarquerons, dès le début, que la généalogie de la jeune fille correspond bien à ce qu'exige initialement la récurrence continue du plérome des douze. La jeune fille poursuit en effet: "sache qu'en vérité je suis une princesse. Je suis la fille de Yeshu'a, fils de l'empereur de Byzance. Ma mère est une descendante des apôtres du Christ; sa lignée remonte à Sham'un (simon-pierre), le wasi (héritier spirituel, Imam) du seigneur Christ. « Je vais te raconter mon extraordinaire histoire. Mon grand-père, l'empereur, voulait me faire épouser son neveu. J’avais treize ans.
Il réunit dans son palais une importante assemblée. Des clercs et des moines, trois cents personnes ; des membres de la haute noblesse, sept cents personnes, des officiers et des chefs de l’armée ainsi que de la noblesse rurale, quatre mille personnes (donc cinq mille personnes en tout). Dans l’enceinte du palais, il fit ériger, au sommet de quarante degrés, un trône incrusté de joyaux et de toutes espèces de pierres précieuses. Il fit asseoir son neveu sur ce trône, et tout autour on disposa un grand rassemblement d’icônes (idoles). Les prêtres chrétiens se tenaient devant ce trône avec un suprême respect. On ouvrit les évangiles ; mais soudain, voici que les idoles s’effondrèrent et que les colonnes du trône volèrent en éclats. Mon cousin fut précipité à terre avec le trône et s’évanouit. Alors les grands et les notables furent saisis de crainte, leur visage était altéré par l’effroi. Le principal d’entre eux déclara : O roi !
E'pargne-nous de faire face à ces présages funestes, car un pareil événement porte en soi l’indice du déclin et de la disparition de la religion chrétienne. Mon grand-père, profondément troublé par l’événement, donna ses ordres : remettez debout les colonnes du trône. Rassemblez les icônes à son sommet. Ramenez près de moi mon infortuné neveu pour que je célèbre son mariage avec cette jeune fille et que ces funestes présages se détournes loin de nous. Mais au moment ou pour la seconde fois prenait place en assemblée celui qui en était l’ornement, la même catastrophe se reproduisit. Cette fois, les gens épouvantés se dispersèrent de tous cotés. Mon grand-père l’empereur, soucieux et triste, renonça et se retira dans ses appartements privés. »
« La nuit qui suivit ces événement, déclare la jeune fille à Bashar, voici que dans le monde des visions je vis le seigneur Christ avec le groupe de ses apôtres, à l’intérieur du palais de l’empereur, à la place même où, la veille, avait été érigé le trône ; à cette même place, ils érigèrent une chaire (minbar) toute de lumière.
A ce moment-là, voici que Mohammad, son wasi et le groupe de ses enfants glorieux (c’est-à-dire les saints Imams) firent leur entreée dans le palais. Alors le Christ s’étant avancé à sa rencontre, embrassa le Prophète Mohammed. Celui-ci de dire : « O Esprit de Dieu ! Je suis venu pour te demander la princesse, fille de ton chef Sham’un (Simon-Pierre), pour mon propre fils. Et du geste il montra l’Imam Hassan ‘Askari. Christ ayant regardé longuement Sham’un, lui dit : « Honneur insigne et noblesse sont venus à toi. Noué donc ce lien entre ta propre famille et la famille de Mohammed. Et Sham’un de dire : c’est chose faite. Alors, voici que tous ensemble (Mohammad et ses Imams, le Christ et ses Apôtres) gravirent jusqu’au sommet les degrés de la chaire de lumière ; et là, Mohammed prononça un prône magnifique pour célébrer l’union nuptiale de son fils et de moi-même, notre union dont Mohammad et ses enfants (les saints Imams) et les apôtres du Christ furent tous ensemble témoins. » La jeune byzantine continua ainsi son récit : « Lorsque je m’éveillai de ce songe, je pris peur ; je me gardai d’en faire le récit, de crainte que mon père et mon frère ne me tuent. Je gardai donc mon secret sans en parler à personne tant et si bien que l’amour de l’Imam Hassan ‘Askari ne cessa de croître en mon c½ur, jusqu’à m’empêcher de prendre la moindre nourriture ni breuvage. Je maigris, tombai malade, et endurai grande souffrance. Il ne resta aucun médecin dans les villes de l’empire que mon père n’eut consulté sur les moyens de me guérir.
Un jour que mon père était désespéré, il me dit : « O lumière de mes yeux ! Y a-t-il dans ton c½ur un désir que je puisse satisfaire ? Je lui dis : les portes de la joie sont closes devant moi. Pourtant, si tu libères les prisonniers musulmans il y a espoir que le Christ et sa mère me viennent en aide. Lorsque mon père eut exaucé mon désir, je manifestai quelques renouveaux de santé et recommençai à m’alimenter.
Quatorze nuits plus tard, j’eus un autre songe. Voici que la souveraine de l’humanité féminine, Fatima l’Eclatante, me rendit visite, Maryam, ave c mille jeunes filles d’entre les houris du Paradis, l’accompagnait. Alors Maryam me dit : voici celle qui est la reine des femmes et la mère de ton époux, l’Imam Hassan ‘Askari. Je saisis le bord de sa robe et me mis à sangloter. Je me plaignis que l’Imam Hassan agisse si cruellement en me refusant sa vue. Mais Sa Seigneurie (Fatima) me dit :
Comment mon enfant pourrait-il venir te voir, tant que tu fais de Dieu plusieurs dieux, en persistant dans la religion chrétienne ? Voici ma soeur Maryam. Elle c’est rendue libre pour Dieu, en s’affranchissant de la religion que tu professes encore. Si tu désires être un objet de complaisance à l’égard de Dieu, de Maryam, et du Christ, et si tu désires voir l’Imam Hassan ‘Askari, alors prononce : J’atteste qu’il n’y a point de dieu hormis Dieu, et que Mohammed est l’envoyé de Dieu. Lorsque j’eus prononcé ces deux paroles excellentes, voici que Fatima, la reine des femmes, m’attira contre elle et m’embrassa étroitement. Elle me dit : maintenant attends la visite de mon enfant, je vais l’envoyer près de toi.
« Lorsque je m’éveillai, ma langue articulait encore les deux paroles excellentes, et j’étais dans l’attente de rencontrer mon Imam. Lorsque la nuit fut venue et que de nouveau je fus partie pour le monde des visions, voici que le soleil de la beauté de Sa Seigneurie se leva. Je lui dis : » O mon aimé ! Après que ton amour a fait de mon c½ur son captif, pourquoi m’avoir refusé jusqu ‘ici la vue de ta beauté ? Et lui de me dire : Si je fus si long à venir te rejoindre, c’est parce que tu faisais de Dieu plusieurs dieux. Maintenant que tu es devenue soumise à Dieu l’unique, chaque nuit je serai près de toi, jusqu’au moment ou Dieu nous fera nous rencontrer, toi et moi, à découvert et sans voile, et à notre séparation fera succéder notre réunion. Alors, depuis cette nuit-là jusqu’à maintenant, pas une seule nuit ne passa sans que mon aimé n’apportât en remède à la souffrance de la séparation, le breuvage de l’union. »
Tel est le secret dont Bashar, homme de confiance des saints Imams, devient ici le confident. Il est familier avec les circonstances surnaturelles de la vie ; ce n’est pas celles-ci qu’il met en doute. C’est une question toute matérielle qui le préoccupe : « comment as-tu fait, demande-t-il à la jeune fille, pour tomber parmi les captives ? – Certaine nuit, lui dit-elle, l’Imam Hassan ‘Askari m’avait informé que mon grand-père, l’empereur, allait lancer une armée en campagne contre les musulmans. Il me suggéra de me déguiser pour ne pas être reconnue, de me faire accompagner de quelques-unes de mes servantes et de suivre l’armée à quelque distance.
Ainsi fis-je. Bientôt la chance voulut qu’une avant-garde de musulmans nous rencontra et nous fit captives. Et mon affaire a pris la tournure que tu vois. Personne hormis toi ne sait que je suis la fille de l’empereur de Byzance. Un shaykh a qui j’étais échue en partage lors de ma capture, me demande mon nom. Dépouillant mon vrai nom, je lui répondis : je m’appelle Narcisse (Narkès)
Devant la merveilleuse histoire de celle qui, appelée surnaturellement à devenir la compagne d’un Imam, s’est exposée par amour pur au destin de captive, Bashar ne peut que garder un silence respectueux. Pourtant une dernière question le préoccupe, toute pratique encore ; aussi ose-t-il l’exprimer : « tu es Grecque : comment se fait-il que tu saches si bien la langue arabe ? » Narcisse lui explique : « Mon père était très soucieux de me faire donner une haute culture ; il me confia aux soins d’une femme qui était très experte en diverses langues ; matin et soir elle me donna des leçons d’arabe, si bien que je finis par être très versée dans cette langue. » Ici s’achève ce que nous pourrions appeler le prologue au mystère de la naissance du 12ème imam. Nous allons entrer maintenant dans l’action même du mystère. Lorsque la princesse narcisse (Narkès Khatun) est présentée, à Samara, à l’Imam ‘Ali Naqi, le dialogue suivant s’engage entre eux.
L’Imam : De quelle manière Dieu t’a-t-il fait connaître la faute de la religion islamique et la faute de la religion chrétienne l’éminence du Prophète et des membres de la famille prophétique ?
Narcisse : Comment te décrirai-je à toi, o enfant de l’envoyé de Dieu, quelque chose que tu sais beaucoup mieux que moi-même ?
L’Imam : Je voudrais t’accueillir avec les honneurs et l’hospitalité. Veux-tu me dire ce qui aurait ta préférence ; ou bien que je t’offre en présent une somme de vingt mille dinars, ou bien que je t’annonces une bonne nouvelle s’accompagnant d’une gloire éternelle ?
Narcisse : C’est cette bonne nouvelle que je désire. Je n’ai que faire de la fortune.
L’Imam : Eh bien ! que te soit annoncée la bonne nouvelle : un fils naîtra de toi dont le règne couvrira l’Orient et l’Occident, et qui remplira la terre de paix et de justice comme elle est aujourd’hui remplie de violence et de tyrannie.
Narcisse : De quel époux sera cet enfant ?
L’Imam : De celui pour qui telle nuit de tel mois de telle année, le prophète Mohammad t’a demandée en mariage. Pour t’unir avec qui, le seigneur Christ et son wasi t’ont-ils accordée ?
Narcisse : Pour m’unir avec ton fils l’Imam Hassan ‘Askari.
L’Imam : Le connais-tu donc ?
Narcisse : Depuis la nuit ou entre les mains de la souveraine des femmes (Fatima) j’ai fait profession d’islam, pas une nuit ne s’est passée sans qu’il se montra à moi.- Alors l’Imam appela son serviteur Kafur : va prier ma s½ur, Hakima Khatun (la sage, Sophia, ou Halima, selon une variante, la clémente), de venir. Lorsqu’elle fit son entrée, l’Imam lui dit : voici la jeune fille dont je t’avais parlé. Hakima embrassa tendrement Narcisse. Puis l’Imam lui dit : O fille de l’envoyé de Dieu ! Emmène Narcisse avec toi dans ta demeure. Instruits-la de nos traditions, enseigne-lui tout ce que doit savoir la femme de l’Imam Hassan ‘Askari, la mère du Résurrecteur.
Sources : « Après moi les Imams seront au nombre de douze » de A&H Benabderrahmane. Ce livre contient la biographie de chaque Imam en détail. Travail réalisé par soeur Zaynab (www.al-imane.com).