La morale en acte
La morale en acte
Au nom d'Allah, le Clément, le miséricordieux
Gloire à Allah, Seigneur des mondes, créateurs des cieux, à lui toutes les louanges et toute adoration. Mon discours de ce soir est la continuité du discours précédent à savoir philosophie et religion. Ce qu'il fallait retenir se résume en une phrase : philosophies et religions sont des manières de vivre, elles ne sont pas simplement des discours mais un moyen de réformer sa conscience et par là même son existence afin de se rapprocher de Dieu.
Ce soir, comme précédemment, je n'avais pas utilisé des références islamiques c'est-à-dire des hadiths ou des versets du Coran car nous avons pour cela d'éminents savants religieux. Je prendrai pour référence un philosophe stoïcien, à savoir Epictète car il est intéressant de voir que d'autres doctrines peuvent aussi nous mener à la sagesse et donc nous rapprocher du créateur.
Pour ce faire, le sujet de ce soir est : la morale en acte.
En effet, pour Epictète la morale est avant toute une discipline pratique qui doit être vérifiée par des actes alors que le plus souvent la morale est réduite à la théorie, a de beaux discours. Bien sûr, il n'est pas question d'éliminer l'ensemble théorique ; il est absurde de vouloir commencer par la seule pratique. Comme le souligne Epictète :
“ il est ridicule de dire qu'on veut commencer par la pratique ; car il n'est pas facile de commencer par les choses difficiles “
mais il n'est pas pour autant question de délaisser la pratique, la mise en acte de la morale sous prétexte qu'elle n'est pas facile. Or, la plupart du temps, surtout lorsque nous sommes en société, entouré d'une foule de gens, nous excellons dans l'art de professer de belles sentences morales ce qui fait dire à nos interlocuteurs : quel homme vertueux !
Mais, toute cette mascarade n'est qu'une façade de vertu, car dès qu'une occasion se présente pour vérifier par nos actes la nécessité de la morale, il n'y a plus personne. Il suffit d'une critique et voilà les moralisateurs en colère, la moindre objection est source de conflits et de colère.
Question: comment procéder ?
Réponse: en appliquant la distinction fondamentale de la philosophie d'Epictète : il y a des choses qui dépendent de nous et des choses qui ne dépendent pas de nous ; dépendent de nous l'opinion, le désir, la volonté donc toutes nos oeuvres c'est-à-dire nos actions; ne dépendent pas de nous le corps, la richesse, les considérations donc toutes les choses extérieures à nous. Epictète délimite ainsi la sphère intérieure qui est libre et sans retenue et la sphère extérieure qui est soumise à toutes sortes d'événements extérieurs qui dépassent notre volonté. Quiconque voudra être libre et heureux devra obligatoirement s'exercer à ne s'attacher qu'à ce qui dépend de lui à savoir sa volonté à vouloir le bien moral et à éviter le mal moral.
Question: que fait l'homme commun c'est-à-dire vous et moi ?
Réponse: n'appliquant pas cette distinction, il est sans cesse en souffrance ; il ne connaît que des tourments car il veut à tout prix que les choses qui ne dépendent pas de lui en dépendent. Vouloir de telles choses est la preuve d'un manque de bon sens mais surtout la marque de la folie.
C'est comme si je voulais que le soleil ne se lève pas demain matin sous prétexte que je suis fatigué. Mais vous direz que je suis fou et vous aurez tout à fait raison. Pourtant, c'est ce que nous faisons quotidiennement dans le sens où nous voulons que les autres se soumettent à notre volonté, que les gens me témoignent du respect, que je devienne riche du jour au lendemain. Voyez à quel point nous sommes insensés. Ce qui prouve que ce ne sont pas les philosophes qui sont fous mais plutôt nous.
Question: comment faire pour appliquer cette distinction ? Ou plutôt quelle faculté peut nous aider à distinguer ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous ?
Réponse: c'est la raison. Pourquoi ? Car elle est la seule faculté qui a la capacité de se connaître elle-même. Elle se comprend elle-même, elle sait qu'il est allé, quel est son pouvoir. C'est pourquoi, comme le dit Epictète :
“ ne rendrons-nous pas grâce à Dieu pour avoir produit dans l'esprit de l'homme se jouit grâce auquel il devait nous révéler la vérité au sujet de notre bonheur “.
Question: pourquoi y a-t-il un lien étroit entre la raison et la morale ?
Réponse: c'est parce qu'il y a une double tendance chez l'homme, à savoir l'homme rejette tout ce qui est contraire à la raison et il est fortement attiré par tout ce qui est conforme à la raison. Donc, l'homme est profondément porté vers le bien et rejette le mal. Comme le dit Epictète :
“ la vue du bien à Tirana vers lui ; la vue du mal la repousse “.
Objection 1: si l'homme possède naturellement une tendance au bien, pourquoi commettiez le mal ?
Réponse : tout simplement parce qu'il ignore le bien et n'a pas cherché à connaître ce qui fonde le bien. L'ignorance est le plus grand malheur de l'homme. L'origine de toutes nos fautes réside dans l'ignorance. C'est pourquoi, le bonheur de l'homme réside dans la connaissance et la raison est la seule faculté qui nous permet d'atteindre la vérité. C'est elle qui nous donne le moyen de distinguer ce qui est bien et mal. D'où la nécessité d'utiliser la raison.
Objection 2 : le philosophe ne risque-t-il pas de s'isoler totalement du monde puisqu'il s'occupe que de sa volonté, de son bonheur ? N'est-il pas égoïste ?
Réponse: non, car pour Epictète le philosophe ne peut se satisfaire de sa liberté et de son indépendance intérieure. C'est pourquoi il y a dans la philosophie d'Epictète la théorie des devoirs : les devoirs correspondent à des actions appropriées à la nature humaine car faisant partie de la communauté des êtres raisonnables, l'homme a le devoir d'agir raisonnablement envers la communauté humaine. Par exemple, le devoir d'un fils sera d'obéir à ses parents ; celui du citoyen de servir sa patrie. Tout manquement à son devoir revient à se perdre soi-même.
Donc, la morale d'Epictète, loin de nous isoler, incite fortement à nous ouvrir aux autres, à honorer nos devoirs et à agir que lorsque notre action sert la communauté humaine, notre cité, notre famille, à nous marier, avoir des enfants.
Ainsi, le philosophe qui est avide de sa propre indépendance, de sa liberté intérieure, de son progrès moral est celui qui accomplit le mieux c'est de voir car il accepte mieux son semblable sans aucune animosité ni aucune haine alors que paradoxalement il est accusé d'égoïsme. Mais si on regarde l'homme commun, toujours à la poursuite de sa propre réussite, à l'affût de la moindre occasion pour faire du mal à son prochain, qui soi-disant vie parmi les hommes mais qui fuit volontiers ses devoirs à la moindre occasion, cet homme lâche à plus de considération sous prétexte qu'il suit le troupeau de moutons.
Par conséquent, ce n'est pas parce que nous nous concentrons sur la vie morale que nous ne sommes pas capables de vivre notre vie quotidienne. Au contraire, c'est ce qui nous permet de vivre en harmonie avec le monde et l'humanité.
à côté de ce devoir envers la communauté, reste encore le devoir capital qui consiste à plaire à Dieu. Il ne suffit pas de croire en l'existence de Dieu, il faut lui plaire et soumettre notre volonté à la sienne. C'est en ce sens que consiste la sagesse. Honorer nos devoirs envers Dieu nous met à l'abri de toute souffrance, de tout malheur car Dieu ne veut que le bien. Soumettre ainsi nos désirs, nos aversions, notre volonté à Dieu, nous sommes assurés de mener une bonne vie donc de vivre heureux. C'est dans cette disposition qu'il faut accueillir la vie et la mort, la première comme un cadeau de Dieu et la seconde comme le cours naturel du cosmos. C'est la raison pour laquelle la mort est accueillie par le sage avec joie et sérénité pour la simple raison que Dieu a considéré qu'il est temps de nous retirer du théâtre du monde.
Conclusion :
pour Epictète, chaque événement, chaque instant est l'occasion de chanter un hymne à Dieu.
Au nom d'Allah, le Clément, le miséricordieux
Gloire à Allah, Seigneur des mondes, créateurs des cieux, à lui toutes les louanges et toute adoration. Mon discours de ce soir est la continuité du discours précédent à savoir philosophie et religion. Ce qu'il fallait retenir se résume en une phrase : philosophies et religions sont des manières de vivre, elles ne sont pas simplement des discours mais un moyen de réformer sa conscience et par là même son existence afin de se rapprocher de Dieu.
Ce soir, comme précédemment, je n'avais pas utilisé des références islamiques c'est-à-dire des hadiths ou des versets du Coran car nous avons pour cela d'éminents savants religieux. Je prendrai pour référence un philosophe stoïcien, à savoir Epictète car il est intéressant de voir que d'autres doctrines peuvent aussi nous mener à la sagesse et donc nous rapprocher du créateur.
Pour ce faire, le sujet de ce soir est : la morale en acte.
En effet, pour Epictète la morale est avant toute une discipline pratique qui doit être vérifiée par des actes alors que le plus souvent la morale est réduite à la théorie, a de beaux discours. Bien sûr, il n'est pas question d'éliminer l'ensemble théorique ; il est absurde de vouloir commencer par la seule pratique. Comme le souligne Epictète :
“ il est ridicule de dire qu'on veut commencer par la pratique ; car il n'est pas facile de commencer par les choses difficiles “
mais il n'est pas pour autant question de délaisser la pratique, la mise en acte de la morale sous prétexte qu'elle n'est pas facile. Or, la plupart du temps, surtout lorsque nous sommes en société, entouré d'une foule de gens, nous excellons dans l'art de professer de belles sentences morales ce qui fait dire à nos interlocuteurs : quel homme vertueux !
Mais, toute cette mascarade n'est qu'une façade de vertu, car dès qu'une occasion se présente pour vérifier par nos actes la nécessité de la morale, il n'y a plus personne. Il suffit d'une critique et voilà les moralisateurs en colère, la moindre objection est source de conflits et de colère.
Question: comment procéder ?
Réponse: en appliquant la distinction fondamentale de la philosophie d'Epictète : il y a des choses qui dépendent de nous et des choses qui ne dépendent pas de nous ; dépendent de nous l'opinion, le désir, la volonté donc toutes nos oeuvres c'est-à-dire nos actions; ne dépendent pas de nous le corps, la richesse, les considérations donc toutes les choses extérieures à nous. Epictète délimite ainsi la sphère intérieure qui est libre et sans retenue et la sphère extérieure qui est soumise à toutes sortes d'événements extérieurs qui dépassent notre volonté. Quiconque voudra être libre et heureux devra obligatoirement s'exercer à ne s'attacher qu'à ce qui dépend de lui à savoir sa volonté à vouloir le bien moral et à éviter le mal moral.
Question: que fait l'homme commun c'est-à-dire vous et moi ?
Réponse: n'appliquant pas cette distinction, il est sans cesse en souffrance ; il ne connaît que des tourments car il veut à tout prix que les choses qui ne dépendent pas de lui en dépendent. Vouloir de telles choses est la preuve d'un manque de bon sens mais surtout la marque de la folie.
C'est comme si je voulais que le soleil ne se lève pas demain matin sous prétexte que je suis fatigué. Mais vous direz que je suis fou et vous aurez tout à fait raison. Pourtant, c'est ce que nous faisons quotidiennement dans le sens où nous voulons que les autres se soumettent à notre volonté, que les gens me témoignent du respect, que je devienne riche du jour au lendemain. Voyez à quel point nous sommes insensés. Ce qui prouve que ce ne sont pas les philosophes qui sont fous mais plutôt nous.
Question: comment faire pour appliquer cette distinction ? Ou plutôt quelle faculté peut nous aider à distinguer ce qui dépend de nous et ce qui ne dépend pas de nous ?
Réponse: c'est la raison. Pourquoi ? Car elle est la seule faculté qui a la capacité de se connaître elle-même. Elle se comprend elle-même, elle sait qu'il est allé, quel est son pouvoir. C'est pourquoi, comme le dit Epictète :
“ ne rendrons-nous pas grâce à Dieu pour avoir produit dans l'esprit de l'homme se jouit grâce auquel il devait nous révéler la vérité au sujet de notre bonheur “.
Question: pourquoi y a-t-il un lien étroit entre la raison et la morale ?
Réponse: c'est parce qu'il y a une double tendance chez l'homme, à savoir l'homme rejette tout ce qui est contraire à la raison et il est fortement attiré par tout ce qui est conforme à la raison. Donc, l'homme est profondément porté vers le bien et rejette le mal. Comme le dit Epictète :
“ la vue du bien à Tirana vers lui ; la vue du mal la repousse “.
Objection 1: si l'homme possède naturellement une tendance au bien, pourquoi commettiez le mal ?
Réponse : tout simplement parce qu'il ignore le bien et n'a pas cherché à connaître ce qui fonde le bien. L'ignorance est le plus grand malheur de l'homme. L'origine de toutes nos fautes réside dans l'ignorance. C'est pourquoi, le bonheur de l'homme réside dans la connaissance et la raison est la seule faculté qui nous permet d'atteindre la vérité. C'est elle qui nous donne le moyen de distinguer ce qui est bien et mal. D'où la nécessité d'utiliser la raison.
Objection 2 : le philosophe ne risque-t-il pas de s'isoler totalement du monde puisqu'il s'occupe que de sa volonté, de son bonheur ? N'est-il pas égoïste ?
Réponse: non, car pour Epictète le philosophe ne peut se satisfaire de sa liberté et de son indépendance intérieure. C'est pourquoi il y a dans la philosophie d'Epictète la théorie des devoirs : les devoirs correspondent à des actions appropriées à la nature humaine car faisant partie de la communauté des êtres raisonnables, l'homme a le devoir d'agir raisonnablement envers la communauté humaine. Par exemple, le devoir d'un fils sera d'obéir à ses parents ; celui du citoyen de servir sa patrie. Tout manquement à son devoir revient à se perdre soi-même.
Donc, la morale d'Epictète, loin de nous isoler, incite fortement à nous ouvrir aux autres, à honorer nos devoirs et à agir que lorsque notre action sert la communauté humaine, notre cité, notre famille, à nous marier, avoir des enfants.
Ainsi, le philosophe qui est avide de sa propre indépendance, de sa liberté intérieure, de son progrès moral est celui qui accomplit le mieux c'est de voir car il accepte mieux son semblable sans aucune animosité ni aucune haine alors que paradoxalement il est accusé d'égoïsme. Mais si on regarde l'homme commun, toujours à la poursuite de sa propre réussite, à l'affût de la moindre occasion pour faire du mal à son prochain, qui soi-disant vie parmi les hommes mais qui fuit volontiers ses devoirs à la moindre occasion, cet homme lâche à plus de considération sous prétexte qu'il suit le troupeau de moutons.
Par conséquent, ce n'est pas parce que nous nous concentrons sur la vie morale que nous ne sommes pas capables de vivre notre vie quotidienne. Au contraire, c'est ce qui nous permet de vivre en harmonie avec le monde et l'humanité.
à côté de ce devoir envers la communauté, reste encore le devoir capital qui consiste à plaire à Dieu. Il ne suffit pas de croire en l'existence de Dieu, il faut lui plaire et soumettre notre volonté à la sienne. C'est en ce sens que consiste la sagesse. Honorer nos devoirs envers Dieu nous met à l'abri de toute souffrance, de tout malheur car Dieu ne veut que le bien. Soumettre ainsi nos désirs, nos aversions, notre volonté à Dieu, nous sommes assurés de mener une bonne vie donc de vivre heureux. C'est dans cette disposition qu'il faut accueillir la vie et la mort, la première comme un cadeau de Dieu et la seconde comme le cours naturel du cosmos. C'est la raison pour laquelle la mort est accueillie par le sage avec joie et sérénité pour la simple raison que Dieu a considéré qu'il est temps de nous retirer du théâtre du monde.
Conclusion :
pour Epictète, chaque événement, chaque instant est l'occasion de chanter un hymne à Dieu.