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Le besoin le plus vital du monde de l'Islam

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Le besoin le plus vital du monde de l'Islam
La notion, l’importance et le rôle de l’unité islamique dans l’optique du martyr Morteza Motahari
Il n’y a aucun doute que l’unité islamique a été et demeure toujours le rêve de tous les pacificateurs, les réformateurs, les savants et les penseurs musulmans qui y ont consacré tant d’efforts et d'énergie. L’important est de connaître d’abord la définition exacte de l’unité islamique, afin d’éviter que chaque personne s’en fasse une idée différente des autres, et qu'il soit possible ensuite de tracer le chemin qu’il faut prendre pour réaliser l’unité islamique.

Il est clair que la plupart des problèmes du monde de l’Islam sont dus à la désunion et à la division qui existent malheureusement parmi les nations musulmanes. Dans ce cadre, il ne faut certainement pas oublier le rôle destructeur du colonialisme, surtout le colonialisme britannique dans l’apparition de cette discorde, sans négliger toutefois que l’incompétence des dirigeants des pays musulmans et leur avidité pour le pouvoir ont été, durant ces derniers siècles, le deuxième facteur important attisant cette division. Et enfin, la mauvaise attitude qu’ont adoptée certains oulémas sunnites et chiites en est la troisième raison.

Pourtant, il faut absolument intervenir pour dissiper les discordes et surmonter les obstacles qui se dressent devant la réalisation de l’unité. De grandes personnalités du monde de l’Islam, tant parmi les sunnites que les chiites, comme l’Allameh Cheikh Abdelmadjid Salim, l’Allameh Cheikh Mahmoud Shaltut, l’Ayatollah Boroudjerdi et l'Imam Khomeiny ont contribué de façon fondamentale et efficace à cette grande tâche. Et nous devons nous appuyer sur les fondements solides qu’ils ont créés pour que le monde musulman retrouve sa grandeur et sa somptuosité d’antan. Un regard rétrospectif sur les œuvres du maître Morteza Motahari nous montrera que ce grand penseur et pacificateur musulman accordait une importance toute particulière à la question de « l’unité islamique » et proposait, avant toutes choses, la clarification de la notion de l’unité afin d'en présenter une définition exacte.

* * *

Dans un article écrit par le maître Morteza Motahari, intitulé « Al-Qadir et l’unité islamique », publié dans l'ouvrage mémoratif en hommage à l’Allameh Amini, nous pouvons lire :

« Les pacificateurs et les intellectuels musulmans de notre époque, sont unanimes pour dire que l’unité et la solidarité parmi les différents peuples musulmans et les adeptes des différentes écoles religieuses, constituent l’un des besoins les plus vitaux du monde de l’Islam, surtout à l’époque contemporaine où l’Islam et les musulmans font l’objet des complots et des desseins visant, par différents moyens, à attiser et approfondir des divergences anciennes, et d’en créer de nouvelles. En général, nous savons tous que la religion sacrée de l’Islam accorde une très grande importance à l’unité islamique et à la fraternité parmi les fidèles. C’est l’un des plus grands objectifs de l’Islam. Le Coran, la Sunna (tradition prophétique) et l’histoire de l’Islam nous en disent à ce sujet.

« Que signifie d’abord l’unité islamique ? Est-ce qu’elle veut dire que parmi toutes les écoles et confessions musulmanes, il faudrait en choisir une et écarter les autres ? Faut-il s’appuyer sur les points communs et les affinités qui existent parmi toutes les écoles islamiques, et abandonner toutes les différences qui pourraient exister parmi elles ? Faut-il ainsi inventer une nouvelle école sous une forme qui n’a jamais existé ? Est-ce vrai que l’unité islamique n’a essentiellement rien à voir avec la question de l’unité parmi les différentes écoles, et qu’elle signifie seulement l’union des musulmans appartenant aux différentes écoles et confessions, au-delà de toutes les différences doctrinales, pour faire un front uni face aux non fidèles ?

« Les détracteurs de l’idée de l’unité des musulmans tentent souvent de le mettre dans un contexte de l’unité religieuse, afin d’en tirer une signification illogique et irrationnelle, de sorte qu’elle soit vouée à l’échec dès les premiers pas. Il est évident que ce que les oulémas et les intellectuels musulmans entendent par l’unité islamique ne veut absolument pas dire l’abandon de toutes les écoles religieuses et leur anéantissement au profit d'une seule perception de l’Islam. Par ailleurs, mettre l’accent sur les affinités et les points communs des écoles, et écarter leurs différences ne semble ni logique, ni souhaitable et ni faisable. En réalité, ce que les oulémas et les intellectuels musulmans partisans de l’idée de l’unité souhaitent réaliser au sein du monde musulman, consiste à créer un front uni face aux ennemis communs de l’Islam et des musulmans.

« Ces penseurs nous disent que les musulmans, indépendamment de leurs appartenances doctrinales, ont en commun de nombreuses affinités qui peuvent servir naturellement d’une base solide pour leur unité. Les musulmans adorent tous le Dieu unique. Ils croient tous en la révélation et la mission prophétique du vénéré Messager de Dieu (SA). Les musulmans croient tous en le Coran et ils se tournent tous vers la maison de Dieu, la Kaaba, pour faire leur prière. Ils participent ensemble, et pendant le même temps et selon les mêmes rituels, aux cérémonies annuelles du Hadj. Ils font leur prière de la même manière. Les musulmans procèdent tous aux mêmes principes et valeurs pour leur vie familiale, leurs affaires commerciales, et l’éducation de leurs enfants. Ils respectent les mêmes rites funéraires pour inhumer leurs morts. Bref, il n’y a pas la moindre différence dans les moindres détails de leur existence et de leur vie quotidienne.

« Les musulmans de toutes les écoles ont en commun la même vision du monde, et ils appartiennent tous à la même culture. Ils ont contribué ensemble, les uns à côté des autres, à la création d’une même civilisation, grandiose et somptueuse. Cette unité en matière de la vision du monde, de la culture et du passé historique et civilisationnel, du mode de vie, des croyances, des rites, des us et des coutumes sociales, suffit largement à faire des musulmans du monde entier un bloc unifié et une Oumma unique. Cette unité peut leur donner un immense pouvoir qui conduira les grandes puissances mondiales à respecter bon gré mal gré le monde de l’Islam. Or, l’Islam a toujours mis l’accent sur l’importance de l’unité en tant qu’un de ses principes fondamentaux. Selon le Coran, les musulmans sont tous frères. Un système de droits et de devoirs les lie étroitement les uns aux autres. Dans ce contexte, pourquoi les musulmans doivent-ils se servir de ces immenses possibilités que la région musulmane leur offre pour renforcer leur unité ?

« Pour les oulémas et les penseurs partisans de l’unité islamique, il n’est absolument pas nécessaire qu’ils sacrifient toute ou une partie de leurs croyances propres à leur école religieuse, pour assurer leur unité avec les adeptes des autres écoles islamiques. En d’autres termes, l’unité est à leur portée, sans qu’ils se passent, les un et les autres, des principes fondamentaux ou secondaires de leurs écoles respectives. Dans le même temps, rien ne leur interdit de se débattre, entre eux, des principes fondamentaux et secondaires de la religion musulmane. Dans ces polémiques religieuses et doctrinales, la seule limite qu’ils devraient, en réalité, observer et respecter, c'est d’empêcher que l’inimitié, la rancune ou l’hostilité ne se développent parmi eux. Ils devront donc faire preuve du calme et de la retenue dans ce domaine en évitant l’injure et le blasphème les uns par rapport aux autres. Ils ne doivent pas accuser les adeptes d’autres écoles de quoi que ce soit. Ils devront s’abstenir réciproquement d’attribuer le mensonge ou de se railler les uns des autres. Ils devront éviter de vexer les sentiments et les croyances des adeptes d’autres écoles islamiques. Dans leurs débats, ils ne devront jamais sortir du cadre de la logique et de la raison. En réalité, il leur faut respecter entre eux les limites que l’Islam trace pour définir les relations entre les musulmans et les non musulmans : « Avec la sagesse et de bonnes paroles, conduis-les vers le chemin qui conduit à ton Maître, et parle avec eux correctement et avec bonté. » ( C,I"U' C,a'? O'E`?a' N~E`~ E`C,a'I'~a~a* ? C,a'a~?U'U`a* C,a'I'O'a"a* ? I`C,I"a'a*a~ E`C,a'E^? a*? C,I'O'a" )

« Certains pensent que l’unité n’est possible que parmi les adeptes des écoles qui partagent les mêmes principes fondamentaux et qui n'ont de divergence que dans les principes secondaires, comme c’est le cas des deux écoles chaféite et hanafite. Les adeptes de ces deux écoles peuvent donc faire acte de fraternité, de sympathie ou de solidarité. Or, selon cette croyance, les adeptes des écoles qui ne partagent pas les mêmes principes fondamentaux, ne pourront en aucun cas réussir à s’unir et à s’entendre les uns avec les autres, en tant que frères coreligionnaires. D’après ces penseurs, les principes religieux font un tout indivisible et le moindre changement dans une composante porterait atteinte à tous les autres principes de la religion. A titre d’exemple, ils croient que si le principe de « l’imamat » auquel ils croient en tant que principe fondamental de leur religion, est mis en question, il faut catégoriquement se passer de l’idée de l’unité avec les adeptes d’autres écoles qui n’y croient pas en tant que principe fondamental. Selon cette conception, il n’est absolument pas possible qu’il y ait l’unité ou la fraternité entre les musulmans sunnites et les musulmans chiites. Par contre, ils seraient toujours en conflit et leurs relations se définiront par la rancune et l’animosité.

« En réaction à cette théorie, les partisans de l’unité islamique disent qu’il n’y a aucune raison pour que les principes religieux soient considérés comme un tout indivisible, et que l’on soit obligé à accepter « tout ou rien ». Par contre, ils croient que là il faut obéir à un autre principe de la logique : « Le facile n’est pas annulé ni perturbé par le difficile » ( C,a'a~?O'?N~ a'C,?O'?? E`C,a'a~U'O'?N~ ) ou « Celui qui n’accepte pas tout, n’abandonne pas nécessairement le pratique de tout » ( a~C, a'C,?I"N~~ ~a'a* a'C,?E^N~~ ~a'a* ). Dans ce domaine, la vie et l’attitude du Prince des croyants, le vénéré Imam Ali (SA) peuvent nous fournir la meilleure leçon. En effet, le vénéré Imam Ali (SA) savait adopter, dans ce domaine, la voie la plus logique et la plus raisonnable de la modération.

« Il a eu recours à tous les moyens et à toutes les possibilités pour recouvrer son droit afin de défendre le principe de l’imamat. Mais pour ce faire, il n’a jamais obéi au slogan de « tout ou rien ». Par contre, il a respecté avec sagesse le principe logique de « Celui qui n’accepte pas tout, n’abandonne pas nécessairement le pratique de tout » ( a~C, a'C,?I"N~~ ~a'a* a'C,?E^N~~ ~a'a* ).

« Par conséquent, pour recouvrer son droit, il ne s’est pas révolté contre ceux qui l’en avaient privé. S’il ne s’est pas révolté, ce n’était pas à cause des impératifs du temps, mais c’était une décision logique et un calcul minutieux. Car le vénéré Imam Ali (SA) ne craignait pas la mort. En effet, la mort sur le chemin du Seigneur était pour lui le plus grand honneur. Dans ses calculs et ses réflexions, le vénéré Imam Ali (SA) était parvenu à la conclusion que l’intérêt de l’Islam et des musulmans se trouve dans l’abandon des querelles, et dans l’unité et la coopération collective. Il l’avait d’ailleurs toujours dit à voix haute. Dans une de ses lettres à Malek Achtar (lettre n° 62 de La Voie de l’éloquence), l’Imam Ali (SA) avait écrit : « J’ai décidé de me retirer, lorsque j’ai vu qu’un groupe de gens s’était retourné de l’Islam et qu’ils appelaient les autres à abandonner la religion de Mohammad (SA). J’ai pensé que si je n’intervenais pas pour secourir l’Islam et les musulmans, je verrais plus tard des écarts et des dégâts pour l’Islam, ce qui serait plus préjudiciable que le pouvoir du califat qui ne durerait que quelques jours dans ce bas monde. Par ailleurs, après la désignation d’Osman au califat par Abdel Rahamn Ibn Owf, dans le conseil des six sages, le vénéré Imam Ali (SA) a formulé à la fois sa plainte et sa disposition à coopérer avec le nouveau calife : « Vous savez tous très bien que je mérite plus que quiconque le califat. Mais je jure Dieu que tant que les affaires des musulmans iront bien et que mes adversaires se contenteront uniquement de m’écarter de la scène, et tant que je serai le seul à subir l’oppression et l’injustice, je n’exprimerai aucune opposition et je m’y soumettrai. »

« Ces propos indiquent clairement que le vénéré Imam Ali (SA) ne croyait pas au principe de « tout ou rien ». Plusieurs autres indices historiques confirment cette attitude sage du vénéré Imam Ali. »

* * *

Dans l’introduction de son ouvrage intitulé « L’imamat et le leadership », le maître Motahari s’attarde sur la notion de « l’unité islamique » et écrit :

« La notion de l’unité islamique travaille l’esprit des oulémas, des érudits et des penseurs intellectuels musulmans depuis une centaine d’années. Lorsque l’on parle de l’unité islamique, il ne s’agit pas du tout d’un appel aux différentes écoles et confessions religieuses de se passer de leurs croyances et pratiques pour se donner à un idéal de l’unité parmi les musulmans. En d’autres termes, l’unité islamique ne signifie pas qu’il faut prendre les affinités et les points communs de toutes les écoles, et écarter leurs divergences ou différences ; car en réalité, une telle démarche ne serait ni logique ni pratique. »

« Comment pourra-t-on demander aux adeptes d’une école de sacrifier une telle ou telle croyance ou d’abandonner un tel ou tel pratique religieux, au nom des intérêts de l’Islam et pour assurer l’unité des musulmans, alors que ces croyances et ces pratiques comptent peur eux l’essentiel de leur religion ? C’est comme si nous voulons leur demander de se passer d’une chose qu’ils considèrent comme une partie de l’Islam, au nom de l’Islam ! »

« En réalité, pour conduire les gens à s’attacher à un principe religieux, ou pour les décevoir d’une croyance religieuse, il y a d’autres voies et d’autres moyens : la logique et la raison. En effet, il est impossible d’y parvenir en les suppliant de le faire ou en leur demandant de le faire au nom des intérêts sublimes. En dehors de la logique et de la raison, il est impossible de faire d’un peuple une communauté de croyants, ou d’ôter d’un peuple ses croyances religieuses. »

« Nous sommes chiites, et nous sommes fiers d’être adeptes de l’Ahlulbeit, les saints descendants du Prophète (SA). Par conséquent, nous croyons qu’il est impossible de négliger ou de marchander sur la moindre bonne œuvre ou le moindre péché. Nous n’accepterons pas que quelqu’un nous exige de le faire, et de la même façon, nous n’exigeons à personne d’abandonner un principe de sa religion au nom du bien des autres ou pour renforcer l’unité islamique. Par contre, ce que nous attendons et nous espérons pouvoir réaliser, c’est de pouvoir créer un climat sain et une ambiance favorable à l’entente réciproque, afin que nous puissions présenter dans le calme et de la meilleure manière nos richesses : notre jurisprudence, nos hadiths, notre Kalam, notre philosophie, nos exégèses du texte coranique et notre riche et brillante littérature religieuse. Cela nous permettra de mettre fin à l’isolement actuel du chiisme et d’ouvrir les portes du monde de l’Islam sur le très précieux héritage des sciences islamiques chiites.

« Il faut souligner ici que tout effort visant à prendre les affinités et les points communs des écoles islamiques et à écarter toutes les différences qui existeraient parmi elles, nous conduira à inventer une nouvelle perception composée d’éléments disparates, et son résultat n’aura très certainement rien à voir avec le vrai Islam. En réalité, il faut admettre que les caractéristiques de chacune de ces écoles font partie de l’Islam lui-même, et qu’il est difficile, voire impossible, d’imaginer un Islam abstrait, n’ayant pas de liens avec les caractéristiques et les traits identificatoires de ses différentes écoles.

« Par ailleurs, les grands architectes de la pensée très précieuse de l’unité islamique à notre époque, comme le grand leader religieux chiite, le défunt Ayatollah Boroudjerdi, ou les grands dignitaires religieux sunnites comme l’Allameh Cheikh Abdelmadjid Salim ou l’Allameh Cheikh Mahmoud Shaltut, n’ont jamais déclaré que pour assurer l’unité islamique, il faudrait miser sur les affinités et les points communs des écoles islamiques, en abandonnant les différences qui existent parmi elles. Ces grands leaders religieux et partisans de l’unité islamique pensaient qu’au-delà des différences et des divergences de vue qui existent parmi les différentes écoles et confessions islamiques tant dans la doctrine que dans la jurisprudence, les adeptes de toutes ces écoles pourront s’appuyer sur leurs très nombreuses affinités et points communs afin de former un bloc uni face aux dangereux ennemis communs du monde de l’Islam, et de nouer un pacte de fraternité islamique parmi eux. Ces grandes personnalités religieuses ne cherchaient absolument pas que le projet de l’unité islamique se transforme en un projet de l’unité religieuse, car ils le considéraient irréalisable sur le plan pratique.

« Dans la plupart des cas, nous tendons souvent à faire une distinction nette et précise entre une unité structurelle et la création d’un front unifié. Quand il s’agit d’une unité structurelle, il est absolument nécessaire que les individus participant à ce projet d’unité aient les mêmes convictions et qu’ils partagent la même foi et la même idéologie. En d’autre terme, un tel projet d’unité nécessite qu’au-delà des différences individuelles qui pourraient exister évidemment parmi ces individus, ils s’orientent tous vers les mêmes idéaux identiques. Mais quand nous parlons de la création d’un front unifié, nous entendons autre chose. Là, il s’agit des groupes et des ensembles qui se distinguent les uns des autres par les différences qui existent dans leur doctrine, leur idéologie et leur mode de vie, mais qui ont l’intérêt de se mettre d’accord pour créer un bloc unifié, en se fondant d’ailleurs sur leurs affinités et leurs intérêts communs, pour mieux résister face à leurs ennemis communs. Il est évident, il n’y a pas nécessairement de contradiction entre l’idée de la création d’un front unifié face aux ennemis communs d’une part, et l’idée de la fidélité de chacun des groupes composant ce front uni à leurs propres convictions et leurs propres croyances. En effet, tout en étant unifié dans un bloc, ils pourront chacun défendre leurs idées, critiquer celles des autres et les appeler à se convertir à leur école.

« Le défunt Ayatollah Boroudjerdi pensait tout particulièrement que la réalisation du projet de l’unité islamique serait une très bonne occasion pour que les oulémas chiites puissent présenter et propager les sciences religieuses chiites et le patrimoine de l’Ahlulbeit parmi les frères musulmans sunnites. Il croyait à juste titre que cela ne serait possible qu’après la création d’un climat de confiance et de fraternité parmi les chiites et les sunnites. L’action du défunt Ayatollah Boroudjerdi a prouvé que la réalisation d’un tel projet est tout à fait possible. En effet, grâce à ses efforts pour renforcer l’unité islamique, plusieurs ouvrages de la jurisprudence chiite ont été publiés en Egypte par les Egyptiens eux-mêmes, en raison de l’ambiance d’entente qu’il avait réussi à créer.

« En tout état de cause, il faut souligner que l’adhésion à la thèse de « l’unité islamique » n’empêchera pas du tout l’expression libre des vérités. Ce qu’il faut à tout prix éviter dans ce projet, c’est de commettre tout acte de provocation qui risquerait d’attiser les fanatismes, les rancunes et les sentiments d’animosité de part et d’autre. Il ne faut pas oublier non plus que le débat savant et érudit se fonde uniquement sur la raison et la logique, loin des assauts émotionnels et sentimentaux.

« Heureusement, à notre époque, il y a de nombreux chercheurs religieux chiites qui se soumettent à ce même principe. Parmi ces grands penseurs et chercheurs chiites, nous devons mentionner surtout les noms de l’Allameh Ayatollah Seyed Sharafeddin Améli, l’Allameh Ayatollah Cheikh Mohammad Hossein Kashef al-Qeta, et l’Allameh Ayatollah Cheikh Abdelhossein Amini, auteur de l’ouvrage monumental d’Al-Qadir.

« Dans ce domaine, la vie et l’œuvre du vénéré Prince des croyants, Imam Ali (SA) nous donnent, selon les récits et les documents historiques qui nous restent, les meilleures leçons et les exemples les plus concrets à suivre.

« A l’époque de la guerre des musulmans contre les Perses, le calife voulait participer en personne au Djihad, le vénéré Imam Ali (SA) lui a conseillé de ne pas participer à la guerre et de rester à Médine. L’Imam Ali (SA) a dit au calife qu’en son absence au champ de bataille, les ennemis croiraient que s’il arrivait à vaincre les troupes des musulmans, leur calife pourrait expédier de nouvelles troupes en renfort sur les fronts de la guerre. Alors que si le calife était présent lui aussi à la guerre, les ennemis diraient : « voilà toute la force des Arabes ». Les ennemis pourraient concentrer alors toutes leurs troupes pour vaincre les combattants musulmans. Et s’ils arrivaient à blesser ou à tuer le calife lui-même, ils auraient un moral renforcé pour se battre avec plus de force contre les musulmans.

« En réalité, le vénéré Prince des croyants, le vénéré Imam Ali (SA) a obéi à ce même principe par rapport aux califes. Il n’a jamais accepté les postes que les califes lui proposaient : il n’est devenu ni commandant de la guerre, ni gouverneur de province, ni chef des pèlerins pendant les cérémonies annuelles du Hadj et du pèlerinage de la Mecque. En effet, il savait parfaitement que s’il acceptait l’un de ces postes que les califes lui proposaient, cela signifierait qu’il était prêt à renoncer à son droit bafoué. Dans le même temps, et sans accepter ces postes officiels, le vénéré Imam Ali (SA) a toujours œuvré plus que quiconque pour renforcer l’unité et la solidarité des musulmans. Bien qu’il refusait les postes officiels que les califes lui proposaient, il n’interdisait pas à ses compagnons, ses proches ou ses parents de prendre en charge les postes officiels. Dans son optique, l’acceptation de ces postes était un signe de coopération et de contribution, sans que cela signifie nécessairement l’acceptation du califat.

« Dans ce domaine, l’attitude du vénéré Imam Ali (SA) est tout à fait claire et précise : il se consacrait entièrement à la réalisation des objectifs de l’Islam. Là où les autres brisaient les liens, il essayait toujours de les renouer. Là où les autres détruisaient l’édifice de l’unité, il le réparait.

« Abou Soufyan a sauté sur cette occasion pour pouvoir d’abord exploiter le mécontentement de l’Imam Ali (SA) contre les intérêts des musulmans, et de se venger ensuite de lui, en faisant croire qu’il demandait la réalisation du testament du Prophète (SA). Mais l’Imam Ali était plus sage et il n’a pas permis à Abou Sofiyan de tromper les musulmans par ses fausses bienveillances.

« Tant qu’il y a des Abou Soufyan et des Haï Ibn Akhtab, il faut rester vigilants face à leurs complots et desseins. De nos jours aussi, il incombe à tous les musulmans, surtout aux chiites et aux adeptes du vénéré Imam Ali (SA), de suivre le chemin qu’il nous a tracé, pour ne pas permettre aux Abou Sufiyan et aux Haï Ibn Akhtab de nous tromper. »

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La définition que le maître Motahari donne de « l’unité islamique » nous apprend que, selon lui, l’unité islamique ne doit pas être faussement conçue comme l’idée de l’unité religieuse parmi les différentes écoles islamiques. Ce qu’il faut entendre par l’unité islamique consiste en le respect de l’autonomie doctrinale et idéologique de chacune des écoles islamiques, tout en les encourageant à s’unir, en s’appuyant sur leurs innombrables affinités et points communs, pour créer un front unifié, les uns à côté des autres, face aux ennemis de l’Islam et des musulmans. Vu sous cet angle, nous apprenons bien que l’idée de l’unité islamique n’est pas du tout une idée utopique et qu’elle est réellement réalisable, à condition que les musulmans fassent preuve de plus d’intelligence et d’efforts devant les actes divisionnistes de leurs ennemis communs. La réalisation totale de cet objectif sacré redonnera au monde de l’Islam sa grandeur et sa somptuosité d’antan.


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