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Les défauts héréditaires de Mouawiyah

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Les défauts héréditaire de Mouawiyah
Mu’âwiyah, chef de la dynastie des Omeyyades, mourut durant le mois de Rajab de l’an 60. Il fut enterré à Damas. Parler des défauts de Mu’âwiyah est un exercice qui nécessiterait plusieurs tomes. Tout ce que nous venons de dire n’est qu’une infime portion de la partie visible de l’iceberg de ses défauts. Mu’âwiyah , fils d’Abû Sofian, s’était opposé à la direction de l’Imam Alî (s) puis à celle de l’Imam Al-Hassan (s) sous le prétexte fallacieux de venger le sang du troisième Calife, Usmân. Ce prétexte ne résista certes pas au temps mais il eut tout de même un effet dévastateur sur l’unité de la Umma avant de laisser la place à toute la haine viscérale de Mu’âwiyah pour la famille du Prophète (s) mais également à son ambition démesurée et héréditaire pour le pouvoir.

L’origine de cette haine et de cette ambition toutes deux ancestrales de Mu’âwiyeh, remonte aux ancêtres Hâchim et Umâyyah ( article précédant ) respectivement des Bani Hâchim (le clan du Prophète (saw), de Alî (s) et de leurs descendants) et des Bani Umâyyah (le clan de Abû Sufiyân, son fils Mu’âwiyeh et de leurs descendants). Lisons cet éclairage que nous en donne l’écrivain égyptien Abbas Mahmoud al-Aqqâd un auteur qui ne saurait être taxé d’inconditionnel de Alî (s) ou de détracteur des Umayyades :

Sans doute, était-il loin de s’irriter de voir la succession échapper aux Banu Hâchim. Mieux il ne se serait guère réjoui de voir la succession revenir à eux, auquel cas il n’eût aucun espoir de la leur arracher. Tout ce qu’il voulait c’était raviver un différend par lequel il espérait ouvrir une porte le conduisant à la direction de Quraych et de toute la Umma.

Sa malveillance n’échappa pas à l’Imam Alî qui lui rétorqua : « …ô Abû Sofian… ! Les Croyants sont les conseillers les uns des autres, alors que les Hypocrites se trompent et se trahissent les uns les autres, même s’ils sont proches – de maisons et de corps – les uns des autres.

Lorsque, enfin, Usmân accéda au Califat, les Umayyades obtinrent une grande victoire, car il était l’un de leurs chefs et un proche cousin de leurs familles. L’Etat islamique devint un Etat Umayyade aux avantages et au gouvernement duquel personne d’autre que les Umayyades eux-mêmes ou leurs partisans ne pouvait accéder. Ainsi, Marwâne Ibn al-Hakam, le Super Vizir du Calife distribuait généreusement les biens à ses proches et en privait les masses. Mu’âwiyah Ibn Abû Sofian, le gouverneur de la Syrie s’entourait de proches et de partisans… Lorsque Usmân mourut, les postes de l’Etat et ses biens étaient, pour ainsi dire, tous entre les mains des Umayyades et des parvenus à leur solde…1

1 « Abqariyyât islâmiyyeh », Tome 2, par Abbas Mahmoud al-Aqqad Pages 170 et suivant

Il était inadmissible pour Mu’âwiyah d’entendre le nom du Prophète (s) être proclamé cinq fois par jour dans la formule : « J’atteste que Muhammad (saw) est le Messager de Dieu ». Alors que, toujours selon lui, Abû Bakr, Umar, Usmân étaient morts leur mémoire enterrée avec chacun d’eux.2

2 M.-J. Fadhlallah P.128 (citant Murûj al-Dhahab et Ibn Abi Hadid)

C’est ce sentiment de jalousie qui pesa sur Mu’âwiyah au point qu’il ordonna à ses gouverneurs, tout en l’exécutant lui-même, d’injurier l’Imam ‘Alî (P) lors de leurs sermons.

Al-Allamah Abul A’lâ Al-Mawdoudi3, encore un auteur qui a souvent tenté d’épargner Mu’âwiyah, n’a pu s’empêcher de reconnaître :

« Une autre hérésie hideuse est apparue sous Mu’âwiyah. Celui-ci avec lui et sur sur ses ordres – ses gouverneurs injuriaient notre maître ‘Alî du haut de leurs chaires. Ce qui est plus grave encore, ils le maudissaient – lui qui était le plus aimé du Prophète parmi ses proches parents, et le plus proche de son noble cœur – du haut de la Chaire de la Mosquée même du Prophète, devant la maison du Prophète et en présence des fils et des plus proches parents de notre maître Alî, lesquels entendaient ces injures. »

« Injurier quelqu’un après sa mort est déjà une chose contraire à l’éthique humaine, et ce, sans compter qu’elle est aussi contraire à la Chari’a. Pis, mêler le Prône de la prière du vendredi à de telles bassesses était du point de vue religieux et moral une action grossière et trop détestable. »

Bien entendu, cette pratique éhontée ne rencontra pas l’accord des musulmans sincères qui ne tardèrent pas à le manifester en venant juste au moment de la prière, après les sermons injuriants contre Alî (s).

La réaction ne tarda pas non plus à se manifester :
D’abord par l’assassinat. C’est dans ce cadre que Hojr Ibn Ady, un des plus valeureux Compagnons du Prophète (saw), connu pour sa piété et son ascétisme, fut exécuté avec sept de ses compagnons par Ziad le gouverneur Umayyade de Kûfa et de Basra sur ordre de Mu’âwiyah. Ce dernier renvoya à Ziad un autre des compagnons de Hojr avec une lettre dans laquelle il lui demandait de le tuer de la façon des plus horribles. Ziad ne se fit pas prier deux fois, qui l’enterra tout simplement …vivant !

Rappelons que leur seule faute était d’avoir protesté contre le retard qu’avait observé Ziad sur l’heure de la prière pour la simple raison que ce gouverneur Umayyade tenait d’abord à prendre son plaisir et le temps de Dieu et des musulmans à injurier l’Imam Alî (s). Ces gens-là, Mu’âwiyah et ses gouverneurs, méritent-ils d’être protégés, encensés, loués ? Simple question pour ceux qui l’ont fait mais aussi pour ceux qui continuent de le faire !

Dieu nous a prescrit le bien en acte, en parole et en pensée. Il nous a proscrit le mal dans les mêmes conditions. Ensuite il nous a doté de la possibilité de faire le bien ou de faire le mal, en somme le libre arbitre. Enfin il nous a dit qu’il y aura le Paradis pour ceux qui auront un bilan positif et l’Enfer pour ceux qui auront un bilan négatif. Alors tâchons d’avoir un bilan positif et pour cela nous ne saurions soutenir ceux qui ont fait ou continuent de faire du mal à leurs proches.

3 « Al Khîlafat Wal-Moulk » (Le Califat et le Royaume), Page 113.


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