DESCRIPTION DE LA VIE ICI BAS de l'Imam 'ALI (as)
DESCRIPTION DE LA VIE ICI BAS
Nous louons Dieu pour ce qui est, nous implorons son aide pour ce qui sera, nous lui demandons la sécurité dans notre religion comme nous la lui demandons pour nos corps.
Adorateurs de Dieu! Je vous conseille le rejet de ce monde qui vous abandonnera, bien que vous n'aimiez pas l'abandonner, qui dégradera vos corps alors que vous désirez les rajeunir.
Vous êtes comme des voyageurs qui se sont mis en route et qui imaginent qu'ils sont arrivés à destination. Ils ont franchi une étape et ils croient avoir atteint le but!
Quel est long le chemin que l'homme doit parcourir pour arriver au but, alors qu'il ne lui reste que peu de temps pour vivre, que la mort le guette et qu'il doit quitter à regret ce monde où il s'agite!
Ne rivalisez donc pas de puissance et d'orgueil, ne soyez pas éblouis par les beautés et les richesses, soyez fermes devant l'épreuve et le malheur, car la puissance et l'orgueil ont une fin, la beauté et la richesse sont appelées à disparaître, l'adversité et le malheur n'ont qu'un temps; tout instant en ce monde est délimité et toute la vie est destinée à la mort.
N'avez-vous donc point, dans l'exemple des anciens, de quoi vous faire repousser ce monde et dans vos ancêtres, de quoi vous éclairer et vous donner à réfléchir, si vous étiez un tant soit peu sages?
Vous n'avez pas remarqué que ceux qui vous ont précédés ne sont pas revenus et que ceux qui restent ne resteront pas toujours. Vous ne voyez pas que les gens ici-bas se réveillent le matin dans une situation et se couchent le soir dans une autre.
Voici un mort que l'on pleure, un affligé que l'on console, un blessé souffrant, un absent qui revient, un autre qui fait don de sa vie, un autre encore qui demande le bien de ce monde alors que c'est la mort qui le demande, un insouciant alors que Dieu n'est pas insouciant pour lui, et sur la trace de ceux qui ont disparu marchent ceux qui restent encore.
Alors! Souvenez-vous de ce qui détruit les jouissances, qui contrarie les désirs, qui rompt les espoirs, lorsque vous aurez l'intention d'accomplir un acte détestable; demandez le secours de Dieu pour remplir votre devoir envers Lui et profitez de ses biens et de sa bienveillance que nul ne peut compter.
MISE EN GARDE CONTRE LA VIE ICI BAS
Je vous mets en garde contre la vie ici - bas, elle est délicieuse et attirante, entourée de plaisirs, agréable par ses biens, reposante, enjolivée d'espoirs, ravissante. Ses plaisirs ne durent pas et personne n'est à l'abri de ses coups durs.
Elle est trompeuse et maléfique; changeante, elle ne fait que passer, elle a une fin et doit disparaître, elle est une ogresse boulimique.
Elle n'est pas loin d'être, lorsqu'elle accorde à ceux qui la désirent, ce que Dieu, Gloire à Lui, a dit: “Telle une eau que nous avons fait descendre du ciel, qui a été au contact des plantes, qui après sont devenues sèches et que le vent disperse. Dieu est puissant sur toute chose.”
Nul ne vécut dans le bonheur sans n'avoir ensuite répandu des pleurs. Si la vie lui accorde un moment de plaisir, elle l'accable après de toutes sortes de malheurs. Elle lui donne quelques instants de bien-être qu'elle fait suivre d'une avalanche de catastrophes! Il est dans sa nature d'être un soutien le matin et de devenir un adversaire le soir! Si l'un de ses aspects se montre délicieux et agréable, un autre apporte amertume et maladies.
Nul ne peut obtenir d'elle une faveur désirée qu'il n'en paie le prix par des peines et des angoisses. De même on peut, le soir, dormir dans la sécurité et se réveiller le lendemain dans la peur.
Traîtresse et pleine de perfidie, sujette au néant comme tout mortel qui vit ici-bas, la seule provision bénéfique qu'elle offre est l'obéissance à Dieu. Moins on en profite, plus on est en sûreté; plus on en jouit, plus on court à sa perte et ce qu'on a acquis disparaîtra.
Combien a-t-elle affligé de gens qui lui ont fait confiance, frappé ceux qui y espéraient, avili des nobles! Combien d'hommes fiers a-t-elle rendu méprisables!
Sa puissance est inconstante, son pain amer, son breuvage saumâtre, sa douceur est de la coloquinte, sa nourriture du poison et ses titres sont vains.
Le vivant y est destiné à la mort, l'homme sain à la maladie et le bien à la disparition, le puissant à la défaite, le riche à la misère. Les tribulations sont le lot de tous les mortels.
N'êtes - vous point dans les demeures de ceux qui, avant vous, avaient plus longue vie, ceux qui laissèrent plus de traces, et nourrirent plus d'espoirs, qui furent plus puissants en troupes et en armes? Ils ont aimé la vie au maximum, l'ont préférée à tout puis l'ont quittée sans être pourvus de provisions, sans montures pour le grand voyage.
Vous a t-il été dit que le monde les a rachetés, secourus ou pris leur défense? Au contraire, il les a accablés de soucis, les a fustigés, les a fait trembler de peur, leur a fait ployer le front, les a foulés aux pieds et les a livrés aux affres de la mort. Vous savez comme le monde tourne le dos au moment de la mort à ceux qui s'y attachent, s'en éprennent et lui font confiance.
Leur a-t-il donné autre chose que la faim en guise de provisions pour le grand voyage? Ne leur a-t-il pas fait habiter les lieux de l'oppression, fait apparaître les ténèbres pour de la lumière, en les plongeant dans les regrets?
Est-ce cela que vous voudrez prendre comme exemple! Est-ce cela que vous préférez, en quoi vous mettez votre espoir et où vous voudriez vous maintenir! Misérable séjour pour qui ne le trouve pas suspect et pour qui n'y serait pas sur ses gardes! Sachez-le.
Or vous le savez bien, que vous allez un jour le quitter et vous en séparer; tirez leçon de ceux qui ont dit: “Y-a-t-il plus puissant que nous?”
Ils ont été mis en tombe, enfouis sous terre, ils ne seront pas accueillis en hôtes; le tombeau est leur demeure, l'argile est leur linceul et les squelettes sont leurs voisins. Ces voisins sont sourds à leur appel, incapables de leur porter secours, insensibles aux pleurs.
Les pluies ne les réjouissent point et la sécheresse leur est indifférente. Ils sont ensemble mais chacun est à part, ils sont voisins et loin les uns des autres, ils sont proches et ne communiquent point; ils sont côte à côte sans se rapprocher les uns des autres.
Ils sont devenus cléments et ont perdu toute haine. Ils ignorent désormais la rancune. On ne peut plus les craindre ni en espérer un appui. Ils étaient sur terre et les voilà enterrés. Ils ont connu l'étroitesse après les grands espaces, l'isolement après la vie de famille, les ténèbres après la lumière.
Ils ont quitté le monde tels qu'ils y étaient venus sans habits ni chaussures. Ils s'en sont séparés n'emportant que leurs actions pour la vie éternelle et la demeure sans fin, comme Dieu l'avait révélé: “Nous ferons revenir à nous toute créature dans le premier état où nous l'avons créée. C'est une promesse que nous faisons; c'est ainsi que nous agissons”.
MISE EN GARDE CONTRE LA VIE ICI BAS
Je vous mets en garde contre ce monde; c'est une demeure passagère et instable; elle s'est enjolivée de vanité et par sa parure elle séduit.
Son séjour cependant est de peu de valeur auprès de Dieu. I1 y a introduit aussi bien le licite et l'illicite, le bien comme le mal, la vie comme la mort, le doux comme l'amer.
Dieu ne l'a pas rendu pur même pour ses élus et n'en a pas privé même ses ennemis.
Les avantages de ce monde sont minces, ses maux multiples. Ses acquisitions se dispersent, ses biens ne sont pas sûrs, ses édifices finissent en ruines. Quelle confiance accorder à un monde qui est appelé à la destruction, à une vie qui s'épuise comme des provisions, à un moment qui finit comme une étape.
Exécutez les obligations que Dieu vous a imposées et sollicitez-le dans la mesure où vous aurez accompli ce qu'il vous a demandé.
Faites entendre à vos oreilles la voix de la mort avant qu'elle ne s'abatte sur vous.
Les cœurs de ceux qui ont renoncé à ce monde pleurent alors que leurs visages sourient, ils s'affligent dans leurs joies, répriment leurs sentiments malgré la croissance de leurs moyens.
Vos cœurs ont oublié la notion de la destinée et se sont bercés d'espérances trompeuses. Vous vous attachez à ce monde plus qu'à l'autre et à l'éphémère plus qu'à la vie éternelle.
Néanmoins vous êtes tous frères en la religion de Dieu; seules vos consciences mauvaises et vos désirs cachés vous dissocient. Vous ne vous entraidez, ni ne vous conseillez; vous n'êtes plus généreux entre vous et vous ne vous vous aimez plus.
Qu'avez-vous donc à vous réjouir du peu que vous acquérez dans ce monde et à ne pas vous attrister des biens abondants qui vous sont promis dans l'autre monde et dont vous serez privés!
Vous êtes inquiets quand un bien infime de ce monde vous échappe et cela se voit même sur votre visage et par votre impatience devant la privation comme si ce monde était votre séjour définitif et que ses jouissances étaient éternelles pour vous.
Ce qui vous empêche de reprocher un défaut à un frère c'est la crainte qu'il ne vous reproche un autre. Vous vous êtes accordés pour aimer ce qui passe et rejeter ce qui dure; votre foi ne dépasse pas vos lèvres, vous êtes comme le serviteur qui a achevé sa tâche et satisfait son maître.
L'Imam (as) dit entre autres:
“Cela est du sérieux et non point de l'amusement, de la vérité et non point du mensonge”.
C'est la mort qui se fait entendre à tous et nous dirige tous.
Que la richesse des hommes ne te trompe pas. Tu as bien vu ceux qui, avant toi, avaient amassé des fortunes, redouté la pauvreté, se considérant assurés contre le malheur, espéraient longue vie et oubliaient la mort.
Comment la mort s'est elle abattue sur eux? Ils ont été troublés dans leur séjour, arrachés au beau milieu de leur sécurité, portés sur une civière passée d'épaule à épaule, de main en main; brusquement ils n'ont plus que des tombes pour demeures, ce qu'ils ont amassé s'est dispersé entre les mains des héritiers; leurs épouses se sont remariées. Ils ne peuvent plus augmenter leurs bonnes actions, ni discuter des mauvaises.
Celui qui cultive l'obéissance à Dieu surpasse ses semblables dans la vertu et réussit dans son œuvre.
Enrichissez-vous de l'obéissance à Dieu et faites pour le paradis ce qu'il exige de vous: ce monde ne vous fut pas créé pour demeure éternelle, mais comme lieu de transition où vous pourrez vous pourvoir de bonnes actions pour l'autre monde. Soyez donc toujours disposés à le quitter et à vous tenir prêts pour le grand départ.